La capacité récemment découverte par ces chercheurs de l’Université du Michigan, d’une enzyme à inciter le corps à prévenir ou à réparer une lésion hépatique aiguë pourrait être exploitée comme signal d’alarme ou biomarqueur. Cette alarme et l’aide que cette enzyme réclame du système immunitaire pourraient en effet inciter à la surveillance et à l’initiation du traitement, mais aussi, si bien exploitée, à contribuer à stimuler la réparation d'un foie endommagé après une blessure. De nouvelles données, présentées dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) qui identifient l'enzyme (CPS1) comme une cible très prometteuse dans le traitement des lésions hépatiques.
Lorsque « tout va bien », les cellules du foie fabriquent les protéines clés du sang, éliminent les toxines du sang via le tube digestif et le flux incessant de bile. Mais blessées, ces cellules ne sont plus capables de remplir leur fonction essentielle et ce dysfonctionnement entraine une insuffisance hépatique aiguë qui peut mener au décès. Ces recherches suggèrent le moyen de prévenir ces dommages, en intervenant de manière plus précoce, mais aussi en les traitant, en reboostant la fonction élémentaire et naturelle de ces cellules.
Un signal d’alarme au système immunitaire : l’équipe décrit la fonction inattendue de l'enzyme CPS1, (carbamoyl-phosphate synthase). Normalement, CPS1 joue un rôle clé dans la décomposition de l'ammoniac, un déchet dont le corps a besoin de se débarrasser, une décomposition qui intervient dans les mitochondries des principales cellules du foie, appelées hépatocytes. Cependant, les chercheurs ont découvert aussi la présence de CPS1 dans le sang humain (et d’animaux) en cas de lésion hépatique aiguë. Précisément, les niveaux de CPS1 dans le sang peuvent servir d'indicateur de l'étendue des dommages hépatiques. CPS1 est donc un marqueur précoce de lésion et de réparation d’une lésion du foie.
Un mécanisme protecteur : alors que CPS1 est normalement libéré dans la bile, l’enzyme se retrouve dans le sang après une lésion hépatique aiguë. CPS1 disparait dans le même temps des monocytes qui deviennent anti-inflammatoires et se déplacent vers le foie. Cette fonction qui n'a aucun lien avec sa fonction enzymatique habituelle, fournit un mécanisme protecteur et prometteur pour le développement de nouveaux traitements.
La preuve chez la souris : lorsque les chercheurs injectent CPS1 à des souris avant de les exposer à des concentrations d’acétaminophène qui peuvent endommager le foie, ces souris sont protégées contre les lésions hépatiques. Après l’injection, les foies des animaux montrent des signes importants de rétablissement. Ainsi, si quantité de CPS1 libérée dans le sang n'est naturellement pas suffisante pour faire face aux lésions hépatiques, une dose de CPS1 générée en laboratoire, ou recombinante pourrait fonctionner comme anti-inflammatoire et « déclencheur immunitaire » et finalement, protéger le foie.
Certes, CPS1 étant une protéine assez « grosse », d’autres recherches seront nécessaires pour mieux comprendre sa capacité thérapeutique, notamment, en déterminant lequel de ses composants est le plus important pour déclencher cette réponse anti-inflammatoire.
Des études sont toujours en cours pour préciser le fonctionnement du candidat chez la souris et de déterminer s’il peut être utilisé à des fins thérapeutiques chez l’Homme.
Source: Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) (Visuel University of Michigan) (In Press) via Eurekalert (AAAS) 8-Apr-2019 A tiny cry for help from inside the liver could lead to better treatment
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