Cette relation entre une variante génétique et le microbiome intestinal, découverte par une équipe de la Cornell University (New York) va aider les nutritionnistes à personnaliser leurs recommandations. Les patients possédant un grand nombre de copies d'un gène appelé AMY1, qui exprime une enzyme salivaire qui permet la décomposition de l'amidon, présentent également un profil spécifique de bactéries intestinales et buccales. Car la dégradation de ces amidons difficiles à digérer, facilitée par cette enzyme, offre des avantages nutritionnels.
Sur le plan de l’évolution, les individus possédant davantage de copies de ce gène auraient pu en bénéficier en cas de famine ou pendant les saisons froides.
Certains digèrent mieux l’amidon
Des niveaux élevés de cette enzyme salivaire, appelée amylase, sont en effet associés à une prolifération plus importante d’une famille de bactéries Ruminococcaceae, des bactéries connues pour décomposer l’amidon résistant afin qu’il puisse être digéré, ce que les amylases humaines ne peuvent pas faire. De multiples copies du gène AMY1 seraient donc liées à un apport supplémentaire en amidon, explique l’auteur principal, Angela Poole, professeure de sciences de la nutrition. L’équipe a travaillé sur les données génétiques existantes d’échantillons de selles de près de 1.000 participants. L’objectif de l’analyse était d’identifier des preuves de l'influence éventuelle du nombre de copies du gène AMY1 sur le microbiome. Cette analyse montre que :
- un nombre élevé de copies du gène AMY1 est corrélé avec un certain profil de bactéries intestinales ;
- ce résultat est validé sur un second échantillon.
En pratique, ces résultats suggèrent que les porteurs d’un grand nombre de copies d’AMY1 peuvent digérer une partie de l’amidon dit résistant et obtenir ainsi un apport d’énergie supplémentaire. Ils suggèrent également le besoin d'une nutrition personnalisée, en fonction du nombre de copies du gène AMY1 du patient. En substance, le nombre de copie du gène AMY1 devrait déterminer l’apport calorique recommandé. Une conclusion cohérente avec celles de précédentes recherches qui associaient le gène, à la réponse au glucose, à la résistance à l'insuline et à l'indice de masse corporelle.
On retrouve donc avec ce « cas d’école » qui porte, somme toute sur un gène unique, la perspective d’une approche nutritionnelle de précision.
Source: Cell Host and Microbe April 10, 2019 DOI : 10.1016/j.chom.2019.03.001 Human Salivary Amylase Gene Copy Number Impacts Oral and Gut Microbiomes
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