Les souches de superbactéries E. coli peuvent persister dans les intestins (ici de femmes) en bonne santé, relève cette recherche de l’Université de Washington. Même sans symptômes apparents, ces souches virulentes et multirésistantes restent longtemps « cachées » dans l'intestin, avec la menace de passer de l’intestin à la vessie et à d'autres parties des voies urinaires. Une préoccupation clinique sérieuse, expliquent ces chercheurs, alors que la bactérie E. coli, peut atteindre plus facilement la vessie chez les femmes.
Des souches d'E. Coli pathogènes du tractus urinaire colonisatrices persistantes de l’intestin
Cette étude récente portant sur plus de 1.000 femmes en bonne santé ne présentant aucun symptôme d'infections des voies urinaires montre que près de 9% présentent des souches d'Escherichia coli multirésistantes dans leur intestin. Les chercheurs ont également vérifié quelles participantes avaient éventuellement reçu une prescription d'antibiotiques au cours de l'étude.
- Plus du tiers des échantillons d'urine fournis par les participantes présentant une infection à E. coli résistante à la fluoroquinolone se révèlent ici positifs pour la croissance d'E. Coli ;
- 77% sont bien résistants à la fluoroquinolone ;
- la plupart des E. coli pathogènes découverts appartiennent aux groupes clonaux ST131-H30R ou ST1193 multirésistants aux médicaments. Ce sont ces groupes qui causent actuellement la majorité des infections du tractus urinaire et du sang, résistantes aux médicaments. Ces pathogènes sont détectés deux fois plus souvent dans l'urine de personnes ayant ces mêmes souches spécifiques dans l'intestin ;
- la présence de souche ST ST131-H30R dans l’intestin semble également associée à un âge plus avancé ;
- 3 mois après cette collecte d'urine, des infections des voies urinaires ont été diagnostiquées chez près de 7% des 45 porteuses précédemment asymptomatiques ayant consenti à l'examen de suivi.
Les deux souches d'E. Coli pathogènes du tractus urinaire résistantes à la fluoroquinolone sont des colonisateurs intestinaux et ont tendance à y persister, concluent les chercheurs. « Ces souches peuvent également apparaître, à un taux inhabituellement élevé, dans l'urine de ces femmes en bonne santé, exemptes au départ de tout diagnostic d'infection des voies urinaires. Ces deux phénomènes semblent donc être liés entre eux ».
Le microbiote intestinal peut donc héberger des souches causes d’infection des voies urinaires. Mais on ignorait que ces souches pharmacorésistantes présentent des schémas d'amarrages distincts dans l'intestin ou dans le tractus urinaire inférieur. Ces résultats pourraient avoir plusieurs implications en termes de soins cliniques et de contrôle des infections : ils suggèrent que les souches spécifiques d'E. Coli multirésistantes détectées ont une rémanence beaucoup plus longue dans l'intestin que d'autres souches résistantes, et peuvent également apparaître dans l'urine de femmes en bonne santé sans même entraîner de brûlures, d'urgenturie, de présence de sang dans l’urine ou d’autres signes avant-coureurs de l’infection urinaire.
Les interventions visant à éliminer ces souches d'E. Coli dans l'intestin pourraient donc réduire le risque d'infections multirésistantes aux médicaments et notamment aux fluoroquinolones fréquemment prescrites pour ces infections des voies urinaires.
Source: Clinical Infectious Diseases 4 July, 2019 DOI : 10.1093/cid/ciz547 Pandemic uropathogenic fluoroquinolone-resistant Escherichia coli have enhanced ability to persist in the gut and cause bacteriuria in healthy women (Visuel Veronika L. Tchesnokova/UW Medicine)
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