Cette découverte d’une équipe internationale va probablement transformer l’approche de prévention et de traitement des millions de patients atteints de Maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) dont la maladie de Crohn et la recto-colite hémorragique. Car l’étude montre, pour la première fois, que les personnes touchées ont pu hériter, par l’intermédiaire de gènes « de risque » de certaines bactéries intestinales ou configurations bactériennes qui causent la maladie. Ces données, présentées dans la revue Génome Medicine confirment également l’effet délétère des antibiotiques sur l’équilibre du microbiote intestinal.
Une récente étude de l'institut Karolinska (Suède) et de l'Université de Glasgow (Ecosse), avait déjà révélé le lien entre une variation génétique –ici sur un gène spécifique IRGM- et le développement d'une bactérie lié à la maladie intestinale. Cette nouvelle recherche suggère l'héritabilité partielle de la flore intestinale et donc du risque d'inflammation de la muqueuse intestinale.
Les chercheurs de l'Université du Minnesota, d'Harvard, du MIT, de l'Université de Toronto et de l'University Medical Center Groningen examinent ici 3 cohortes indépendantes portant, au total, sur 474 participants adultes atteints de MICI. L'ADN des bactéries intestinales de ces participants a été examiné sur une période de 2 ans.
L'analyse montre que :
· les patients atteints de MICI présentent, en particulier, une biodiversité bactérienne moindre,
· l'ADN des participants est lié aux communautés bactériennes de leurs intestins,
· des groupes de gènes sont identifiés, dont les variants (dont SNP) sont impliqués dans le développement de bactéries intestinales conduisant à l'inflammation.
Ces résultats sont ensuite confirmés sur plusieurs autres cohortes.
C'est donc un lien complexe entre la génétique de l'hôte et la flore microbienne intestinale des patients atteints de MICI qui se révèle peu à peu. Le microbiote intestinal qui se développe à un très jeune âge mais dont la structure apparaît ici également influencée par certains gènes de risque, aura un impact important sur la santé et pour toute la vie. C'est donc une étape importante dans la détection, la prévention, et le développement de traitements médicamenteux des MICI qui ciblent certains gènes ou certains composés dérivés des bactéries intestinales. Car le microbiote intestinal n'est pas seulement affecté par la génétique, concluent les auteurs, mais aussi par l'âge, le sexe, les médicaments et d'autres facteurs environnementaux : L'étude confirme ainsi que l'utilisation d'antibiotiques est associée à un plus grand déséquilibre de la communauté bactérienne intestinale humaine.
Source: Genome Medicine doi:10.1186/s13073-014-0107-1 2 December 2014 Complex host genetics influence the microbiome in inflammatory bowel disease
Plus d'études sur la maladie de Crohn, le Microbiote intestinal
Lire aussi : CROHN, GÉNOME et microbiote: Un gène influence la flore intestinale –