Les études se succèdent pour montrer le rôle important pour la santé du microbiote intestinal qui doit cependant « rester sous contrôle » sous peine d’infection ou d’inflammation chronique. Ces chercheurs de l’Université de Göteborg identifient, pour la première fois, des molécules microbiennes qui déclenchent une sécrétion de mucus protecteur capable de repousser les envahisseurs et de former une barrière de protection aux sites les plus sensibles du côlon. Ces travaux, présentés dans la revue Science, apportent une toute nouvelle compréhension de la maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI).
Les chercheurs de l'Académie Sahlgrenska, Université de Göteborg décrypten comment ces cellules sentinelles et suicidaires gèrent et coordonnent la protection des sites les plus sensibles du côlon, en détectant les bactéries qui viennent de pénétrer la barrière de mucus protecteur puis en déclenchant une « cascade » de mucus pour repousser les pathogènes. Ensuite, elles s'éjectent dans l'intestin et se suicident. Ces observations menées au microscope, sur des tissus de souris ont permis d'enregistrer et d'identifier la cascade de réactions et finalement la présence de ces cellules dans l'intestin humain.
Une seconde ligne de défense des sites sensibles du côlon : le côlon humain est protégé par une couche de mucus, rappellent les auteurs, qui empêche les bactéries d'entrer en contact direct avec le tissu, ce qui entraînerait une réaction inflammatoire. La couche protectrice de mucus comprend la protéine mucine produite et sécrétée par les cellules dites caliciformes. L'équipe de recherche de Göteborg identifie, en plus de la couche de mucus, première ligne de défense du côlon, une seconde ligne de défense, ce sous-ensemble de cellules caliciformes.
Des sentinelles qui gardent l'entrée des cryptes : Dans le côlon, les sites sensibles sont des dépressions ou cryptes au « fond » desquelles les cellules souches produisent de nouvelles cellules intestinales. Ces cellules sentinelles gardent l'entrée de ces cryptes et lorsqu'elles détectent des traces de bactéries, elles déclenchent une réaction en chaîne qui s'achève par « une explosion de mucus qui élimine les bactéries ». En cas d'insuffisance de sentinelles, l'attaque bactérienne peut envahir la crypte et c'est le risque de maladie inflammatoire de l'intestin comme la colite ulcéreuse, par exemple.
C'est la découverte d'un nouveau type de cellule avec une nouvelle fonction jusque-là inconnue. Une découverte qui contribue à la compréhension de la biologie de la muqueuse et de la façon dont nos bactéries intestinales interagissent avec nous, et qui ouvre la voie à de nouvelles thérapies pour les maladies inflammatoires de l'intestin.
Science 24 June 2016 DOI: 10.1126/science.aaf7419 A sentinel goblet cell guards the colonic crypt by triggering Nlrp6-dependent secretion Muc2
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