A-t-on définitivement « trouvé » un mode diagnostique simple de cette maladie restée si longtemps mystérieuse, le syndrome de fatigue chronique ou encéphalomyélite myalgique ? Cette équipe de l'Université Cornell décrit en effet, dans la revue Microbiome, un diagnostic simple, non invasif et précis dans 83% des cas, par analyse d’échantillons de selles et de sang. Des marqueurs biologiques dans les bactéries de l'intestin et des agents inflammatoires microbiens dans le sang, qui marquent ainsi une étape vers la compréhension de la cause de la maladie. Des données enfin, qui permettent d’envisager un traitement du syndrome de fatigue chronique à base de prébiotiques ou de probiotiques.
Le syndrome de fatigue chronique (SFC) qui se caractérise par une extrême fatigue chronique est fréquemment associé à de nombreuses autres maladies, ce qui contribue à rendre son diagnostic très complexe. Sa prévalence jusque-là estimée entre 0,1 et 0,3% entraine un lourd fardeau sanitaire. Les symptômes de fatigue persistante, faiblesse musculaire, douleurs, troubles de la mémoire et du sommeil sont handicapants pour les patients. Le syndrome de fatigue chronique (SFC) est de plus en plus associé, au fil des études, à un épuisement immunitaire chronique, suggérant la thèse de l'auto-inflammation ou de l'infection chronique.
Peu de marqueurs diagnostiques :rappelons que cette affection un peu mystérieuse bien que reconnue par l'Organisation mondiale de la santé depuis 1992, dispose de peu de marqueurs diagnostiques. Des anomalies cérébrales spécifiques ont identifiées par une étude de Stanford. Une étude récente a identifié des signatures immunitaires, donc biologiques de la maladie. Une autre étude a également apporté une première description des processus qui sous-tendent le dysfonctionnement cognitif, associé au SFC. Si le SFC est de mieux en mieux caractérisé, les protocoles de prise en charge restent à préciser.
En pratique, les chercheurs ont recruté 48 patients diagnostiqués avec SFC et 39 témoins sains et ont analysé par séquençage ADN microbien des échantillons de selles et de sang des participants. Cette analyse montre que,
· dans l'ensemble, la diversité des types de bactéries est considérablement réduite chez les patients atteints vs témoins en bonne santé : une observation décrite comme similaire à celle obtenue chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn ou de colite ulcéreuse ;
· des marqueurs spécifiques de l'inflammation sont identifiés dans le sang des patients atteints, suggérant une perméabilité intestinale qui laisse passer les bactéries dans le flux sanguin, ce qui déclenche une réponse immunitaire et aggrave les symptômes.
Ces travaux démontrent que le microbiome intestinal chez les patients atteints du syndrome de fatigue chronique n'est pas « normal », ce qui contribue d'ailleurs à expliquer les liens complexes entre SFC, fibromyalgie, syndrome du côlon irritable, maladie de Crohn, voire maladie coeliaque. Le « nouveau » système de détection identifié ici par les chercheurs confirme l'origine biologique de la maladie (au détriment « du concept ridicule d'une origine psychologique de la maladie).
Alors ce microbiome intestinal modifié est-il une cause ou une conséquence du syndrome de fatigue chronique ? La question, au centre de nombreuses études subsiste, c'est pourquoi l'équipe part maintenant à la recherche de virus, de bactéries, et/ou de champignons spécifiques, dans l'intestin, susceptibles de causer ou de contribuer au développement de la maladie. « À l'avenir, nous pourrions considérer cette technique comme complémentaire à d'autres diagnostics non invasifs, mais aussi utiliser ces données pour de nouvelles stratégies alimentaires, à base de prébiotiques ou probiotiques pour traiter la maladie ».
Microbiome 23 June 2016 DOI: 10.1186/s40168-016-0171-4 Reduced diversity and altered composition of the gut microbiome in individuals with myalgic encephalomyelitis/chronic fatigue syndrome via Cornell University Key to chronic fatigue syndrome is in your gut, not head
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