Trouble de l'intestin caractérisé par des douleurs, une altération du transit intestinal, une distension abdominale, des ballonnements, la constipation ou la diarrhée, le syndrome du côlon irritable touche environ 20% de la population occidentale. Si pendant longtemps ce syndrome a été perçu comme une condition essentiellement psychologique, ces experts de l’Université de Bologne, expliquent, au Gut Microbiota for Health World Summit de Miami, qu’il est principalement lié à des modifications clairement détectables du microbiote intestinal. En conclusion, des changements spécifiques d'alimentation sont confirmés comme une approche prometteuse.
Jusqu'en 2013, et l'arrivée sur le marché d'un médicament (linaclotide), le syndrome du côlon irritable ne bénéficiait d'aucun traitement spécifique. Pourtant, en termes d'incidence, la condition représente jusqu'à 60% des consultations en gastro-entérologie, précisent les auteurs. Ses modes « classiques » de prise en charge restent les interventions psychologiques pour la réduction du stress, les traitements des symptômes ou la modification du régime alimentaire.
Ces nouvelles données suggèrent que le syndrome est principalement lié à des modifications du microbiote intestinal et qu'en particulier, les ballonnements sont liés à des aliments spécifiques. L'équilibre entre les communautés de bactéries bénéfiques et dangereuses serait perturbé chez les patients atteints. Ainsi, les symptômes du syndrome du côlon irritable vont se développer chez un sujet sur 10, auparavant en bonne santé, après un seul épisode de gastro-entérite causée par une infection par des bactéries pathogènes comme Salmonella, Campylobacter ou Shighella, qui peuvent gravement perturber l'équilibre de la flore intestinale. Et les antibiotiques utilisés alors pour traiter ces infections, vont déséquilibrer encore un peu plus, la flore intestinale. Enfin, les auteurs précisent que le nombre de symptômes est lui-même associé à plus de modifications dans le microbiote intestinal.
La nutrition est la clé, concluent ces experts qui rappellent que les aliments riches en hydrates de carbone, en particulier les fibres, vont produire de plus grandes quantités de gaz. Ce type d'aliments va entrainer, chez certaines personnes, des ballonnements et des flatulences, en particulier chez les patients déjà concernés par le syndrome du côlon irritable.
Des études récentes précisent les aliments à éviter ou dont il faut réduire alors les apports : En particulier, le pain, les céréales, les pâtisseries faites de blé entier, les haricots, les fèves de soja, le maïs, les pois, les choux de Bruxelles, le chou-fleur, le brocoli, le chou, le céleri, les oignons, les poireaux, l'ail, les artichauts, les figues, les pêches, les raisins et les pruneaux vont accentuer les symptômes. Alors que ces aliments ne modifieront pas l'équilibre du microbiote de patients « sains ».
Les régimes à faible teneur en fibres peuvent améliorer ces symptômes de manière significative. Ainsi, le régime FODMAPs, qui signifie « Fermentable by colonic bacteria Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides And Polyols » ou oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentescibles par la flore intestinale réduit les symptômes, dont les ballonnements et les douleurs. Alors que la recherche montre déjà le rôle crucial du microbiote intestinal pour la santé gastro-intestinale et la santé en général, ces données appellent à travailler sur les fonctions des différentes bactéries du microbiote.
N.B. Ce sommet mondial est fédéré par la Société européenne de Neuro-gastroentérologie et et l'American Gastroenterological Association, avec le soutien de Danone (Vignette).
Source: Gut Microbiota for Health World Summit: 2014 et American Gastroenterological Association IBS and bloating: When the gut microbiota gets out of balance
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