Il existe une différence de fonction immunitaire selon le sexe, et de sensibilité aux maladies inflammatoires et infectieuses, bien documentée chez l’adulte. Cette recherche expérimentale sur l’animal, d’une équipe de l’Université de Bristol, suggère que dès la petite enfance, les filles ont un plus grand potentiel de régulation immunitaire que leurs homologues masculins. Ainsi, chez le « jeune animal », les probiotiques et les prébiotiques fonctionnent différemment chez les « filles et les garçons » selon ces conclusions publiées dans la revue Frontiers in Immunology. Une différence de réponse aux traitements par pré et probiotiques dont il faudrait tenir compte en pratique clinique et dans les recherches nutritionnelles.
Les chercheurs des universités de Bristol et de Reading constatent ici chez de très jeunes porcelets que les mâles et les femelles produisent des niveaux très différents de cellules immunitaires, d'anticorps et d'autres molécules associées au système immunitaire, ce qui suggère que la différence d'immunité commence bien avant la puberté. Leurs réponses aux pré et probiotiques apparaissent également spécifiques selon le sexe.
Le microbiote et donc l'immunité des filles apparaîssent plus largement modulables
L’auteur principal, le Dr Marie Lewis, chercheur et conférencier en immunologie intestinale et microbiologie à l'Université de Reading rappelle toute l’importance du développement du système immunitaire, qu'environ 70% du système immunitaire se trouve dans l'intestin et que c'est au niveau du microbiote intestinal que ce développement est stimulé au tout début de la vie, en grande partie par les bactéries intestinales résidentes. On a ainsi constaté que les jeunes filles ont tendance à produire une réponse immunitaire plus protectrice à la vaccination que les garçons. Cette nouvelle étude montre que les jeunes filles présentent un environnement immunitaire dans le microbiote plus « facile à réguler » ou plus modulable que celui des garçons.
La preuve sur un modèle animal : les porcelets sont de précieux modèles précliniques des nourrissons humains, en particulier pour les études nutritionnelles. Les chercheurs montrent ici, pour la première fois, que les probiotiques et les prébiotiques peuvent avoir des effets différents sur le système immunitaire des mâles et des femelles. Par exemple, que le prébiotique inuline augmente de manière significative le nombre de cellules immunitaire T régulatrices, dans les intestins des mâles mais pas dans les intestins des femelles.
Repenser les essais nutritionnels en fonction du sexe : actuellement, les recherches sur l'efficacité des compléments alimentaires sur le système immunitaire sont basées sur des effets similaires chez les garçons et chez les filles. Cette étude montre que ce n'est pas le cas et que le sexe peut influencer l'efficacité des probiotiques et des prébiotiques et cela dès l'enfance.
Repenser les traitements des troubles immunitaires selon le sexe : « À l'avenir, nous pourrions constater que des probiotiques ou prébiotiques spécifiques sont plus bénéfiques pour les filles, tandis que d'autres génèrent de meilleurs résultats pour la santé des garçons. Étant donné les différences sous-jacentes dans le développement immunitaire identifiées entre les garçons et les filles, la prise en compte du sexe pourrait améliorer l'efficacité des médicaments et autres thérapies qui agissent sur le système immunitaire ».
Quelle explication ? Les auteurs suggèrent que les niveaux des différentes hormones sexuelles pourraient expliquer ces réponses immunitaires spécifiques au sexe ou encore que systèmes immunitaire et reproducteur seraient fondamentalement liés tout au long de leur développement et donc dès la petite enfance.
Source: Frontiers in Immunology 09 December 2019 DOI : 10.3389/fimmu.2019.02705 Sexual Dimorphism in Immune Development and in Response to Nutritional Intervention in Neonatal Piglets
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