La maladie inflammatoire chronique de l'intestin (MICI) entraîne-t-elle certains risques spécifiques pendant la grossesse ? Cette revue de la littérature et méta-analyse d’une équipe de l’Université de Toronto, répond aux femmes en âge de concevoir, atteintes de maladie de Crohn ou de rectocolite hémorragique. Selon les études publiées, les femmes enceintes atteintes de MICI encourent en effet un risque plus élevé de césarienne ainsi que de diabète gestationnel et de rupture prématurée des membranes. Ces données, présentées dans la revue Alimentary Pharmacology & Therapeutics, engagent à une prise en charge des patientes atteintes d'une maladie intestinale active ou réfractaire, par une équipe multidisciplinaire, comprenant des gastro-entérologues, des obstétriciens et des spécialistes en médecine maternelle et fœtale afin de réduire la morbidité globale liée à la grossesse.
Jusqu’à cette analyse, l’impact de la maladie inflammatoire de l'intestin (MICI) sur les résultats de la grossesse était mal connu. Les chercheurs ont passé en revue toutes les études publiées jusqu'en mai 2019 dans les grandes bases de littérature médicale portant sur les résultats maternels, placentaires et obstétriques indésirables chez les patientes atteints de MICI.
Une grossesse avec MICI sur 3 donne lieu à une césarienne
L’équipe a finalement sélectionné pour sa méta-analyse 53 études portant au total sur 7.917 grossesses de femmes atteintes de MICI vs 3.253 grossesses de femmes en bonne santé. L’analyse révèle, chez les femmes enceintes atteintes de MICI :
- Un risque accru de 79% d'accouchement par césarienne ;
- ce résultat est plus significatif en cas de rectocolite hémorragique (+80%) qu’en cas de maladie de Chron (48%) ;
- l’incidence du diabète gestationnel est également plus élevée en cas de MICI (OR : 2,96) ;
- le risque de rupture prématurée des membranes avant la naissance et plus élevé mais pas de fausse couche (OR 1,63) ;
- l’incidence des maladies placentaires qui s’élève à 2,0% chez ces patientes, la pré-éclampsie à 3,3%, la rupture placentaire à 0,5% pour le placenta praevia et à 0,3% pour la chorioamnionite n’est pas plus élevée.
Ainsi, l’étude nous apporte un état des lieux des effets indésirables liés à la MICI en cas de grossesse : une grossesse sur 3 chez les femmes atteintes de MICI donne lieu à une césarienne, Enfin, le diabète gestationnel et la rupture prématurée des membranes surviennent plus fréquemment chez ces patientes mais l'incidence des maladies placentaires reste faible.
Il existe donc bien un risque de résultats maternels et obstétricaux indésirables chez ce groupe de patientes, dont la grossesse nécessite donc, dès la conception, une prise en charge multidisciplinaire, dont gastroentérologique.
Source: Alimentary Pharmacology & Therapeutics 07 January 2020 DOI : 10.1111/apt.15587 Systematic review with meta‐analysis: risk of adverse pregnancy‐related outcomes in inflammatory bowel disease
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