Cette étude menée par une équipe de biologistes de l’Université de Californie – Riverside, à la fois in vitro sur des tissus humains et in vivo chez la souris, montre, pour la première fois, comment une mutation génétique affaiblit les propriétés de barrière des cellules épithéliales qui tapissent l'intestin et favorise la perméabilité ou fuite intestinale. La découverte de ce mécanisme par lequel les mutations du gène PTPN2, trouvées chez de nombreux patients atteints de maladie inflammatoire chronique de l'intestin (MICI) affectent la fonction protectrice des cellules intestinales pourra donner lieu à de nouvelles thérapies.
L'épithélium intestinal constitué d'une seule couche de cellules, joue un rôle essentiel dans la santé humaine en jouant ce rôle de barrière, tout en permettant l'absorption des nutriments et de l'eau. Les cellules épithéliales intestinales sont essentielles à la régulation de la fonction immunitaire, à la communication avec le microbiote intestinal et à la protection de l'intestin contre les pathogènes.
Ces 3 fonctions dépendent toutes d'une barrière épithéliale intacte.
La MICI désigne un ensemble de maladies intestinales chroniques dans lesquelles la muqueuse de l'intestin devient enflammée et « fuit ». La perméabilité intestinale est également reconnue comme un facteur de risque de MICI.
Les mutations de PTPN2 peuvent augmenter la perméabilité intestinale
C’est la démonstration du Dr Declan McCole, auteur principal et professeur de sciences biomédicales à l'UC Riverside et de son équipe : les chercheurs montrent, chez des souris, sur des lignées de cellules humaines et des tissus de patients atteints de MICI, la responsabilité des mutations de PTPN2 via l’augmentation de l'expression d’une protéine, la claudine-2, qui provoque une perte d'eau et de sodium dans l'intestin et favorise la diarrhée.
- PTPN2 agit généralement comme un frein à l'expression de la claudine-2, mais une fois muté, ce frein est supprimé et cette suppression entraîne une perte liquide accrue ;
- PTPN2 favorise également un facteur endogène, appelé matriptase, qui élimine la claudine-2 de la zone de la membrane cellulaire. A nouveau la mutation de PTPN2 élimine cette fonction protectrice.
Enfin, ces travaux révèlent également qu'une nouvelle mutation, plutôt rare dans PTPN2, qui provoque des lésions épithéliales intestinales chez les enfants, augmente également les fuites épithéliales intestinales, mais sans provoquer la mort des cellules épithéliales. Ces données suggèrent que dans certaines MICI, le symptôme de « l’intestin qui fuit » peut précéder et annoncer le développement de la maladie.
Cette perméabilité intestinale peut être inversée en traitant les cellules dépourvues de PTPN2 avec de la matriptase recombinante ou synthétique.
Source: The Journal of Clinical Investigation September 1, 2021 DOI : 10.1172/JCI138230 T–Cell Protein Tyrosine Phosphatase Protects Intestinal Barrier Function by Restricting Epithelial Tight Junction Remodeling
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