Développé par une équipe de gastroentérologues de l’Université John Hopkins, ce composite à base d'hydrogel biomimétique injectable apporte ses premières preuves d’efficacité chez la souris. Ces nanofibres d’hydrogel chargées de cellules souches, documentées dans la revue Science Advances, réussissent ici à traiter des fistules périanales, une complication grave de la maladie de Crohn, qui se développe chez 30 à 40 % des patients atteints par la MICI.
Les fistules périanales, qui prennent la forme de petits tunnels enflammés entre la peau et l'intérieur de l'anus sont ainsi une complication fréquente de la maladie de Crohn, un sous-type de maladie intestinale chronique inflammatoire (MICI). Ces fistules peuvent entraîner des douleurs, un gonflement, une gêne et de petits saignements ou production de pus. La chirurgie est généralement nécessaire pour traiter la maladie.
Cependant, plus de la moitié des patients ne se font pas traiter.
« La plupart des patients qui reçoivent un diagnostic de maladie de Crohn entre la fin de l'adolescence et le début de la vingtaine se résignent à souffrir toute leur vie de ces fistules périanales », explique l'un des auteurs principaux, le Dr Florin M. Selaru, professeur agrégé de médecine et d'oncologie. « Cette complication fréquente de la maladie de Crohn est difficile à traiter. Nous proposons ici un traitement plus accessible qui pourrait améliorer considérablement la qualité de vie de nos patients ».
Le composite à base de nanofibres d’hydrogel injectable, biodégradable est chargé de cellules souches réparatrices. Il peut être injecté à l'intérieur du tractus de la fistule et aboutit à un taux de guérison élevé, réduisant la taille des fistules par 6 en moyenne, par rapport à la chirurgie. Le matériau reprend le principe déjà suggéré efficace par de précédentes recherches, de l'injection de cellules souches autour des fistules. Cependant, si seules les cellules souches ne peuvent être retenues autour de la fistule pendant une durée suffisante pour permettre la guérison, l'hydrogel permet d’ « ancrer les cellules souches » sur le site de la fistule, afin qu'elles ne migrent pas. Cela contribue à la régénération des tissus et à la cicatrisation. Le gel forme en effet un échafaudage qui retient les cellules souches. L’équipe montre sur l’animal modèle que :
- le gel permet une réduction par 6 du volume de la voie de la fistule vs intervention chirurgicale.
« Au-delà, ces travaux soutiennent le principe de la réparation des tissus par bio-stimulation pour les plaies chroniques »,
relève le Dr Hai-Quan Mao, autre auteur principal et professeur de science et d'ingénierie, directeur du Johns Hopkins Institute for NanoBioTechnology.
Des essais cliniques sont d’ores et déjà programmés et des demandes de brevet ont été déposées.
Source : Science Advances 4 Jan, 2023 DOI: 10.1126/sciadv.ade1067 A nanofiber-hydrogel composite improves tissue repair in a rat model of Crohn’s disease perianal fistulas
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