Cet essai clinique, mené à l’Université d’Amsterdam et publié dans le New England Journal of Medicine (NEJM) soutient l’efficacité d’un nouveau médicament contre la colite ulcéreuse, chez un maximum de patients. Ce nouveau traitement contre la colite ulcéreuse double même les taux de rémission chez certains groupes de patients.
On estime que des millions de personnes vivent avec la colite ulcéreuse dans le monde, une maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) pour laquelle « il existe encore un besoin important non satisfait de traitements sûrs et efficaces », relève l’auteur principal, le Dr Geert D'Haens, professeur de gastroentérologie à l'UMC d'Amsterdam.
La colite ulcéreuse est une maladie chronique du côlon qui entraine une diarrhée sanglante, des douleurs abdominales, une anémie et une grande fatigue. De nombreux patients voient leur qualité de vie altérée et les traitements actuels ne permettent pas toujours de contrôler la maladie. Dans ce cas, les patients doivent subir une intervention chirurgicale (colectomie) avec stomie. Enfin, l'inflammation chronique du côlon est également associée à un risque accru de cancer.
Cibler et bloquer l'interleukine-23
L’équipe néerlandaise a en effet identifié l'interleukine-23 comme une protéine très importante dans le déclenchement et le maintien de l'inflammation intestinale, à la fois dans la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse, ainsi que dans le psoriasis, une maladie chronique de la peau. Par ailleurs, de précédentes études ont déjà démontré que le blocage de l'interleukine-23 avec des anticorps thérapeutiques spécifiques peut être extrêmement efficace chez les patients atteints de psoriasis et de la maladie de Crohn.
Le mirikizumab est le premier anticorps de ce type à avoir été testé pour la colite ulcéreuse.
2 essais cliniques de phase III ont été menés pour évaluer l'innocuité et l'efficacité du mirikizumab chez 1.281 patients adultes atteints de colite ulcéreuse et présentant une inflammation modérée à sévère. Un groupe témoin de patients également atteints de rectocolite hémorragique a reçu un placebo. Les participants du groupe d’intervention ont reçu 300 mg de mirikizumab via une perfusion toutes les 4 semaines pendant 12 semaines au total (étude LUCENT-1). Lorsque les patients avaient répondu au mirikizumab au cours de ces 12 semaines (544 patients sur 1.281), ils pouvaient alors poursuivre l'étude et recevoir 200 mg de mirikizumab ou un placebo par injection toutes les 4 semaines et pendant 40 semaines supplémentaires. L’analyse révèle que :
- les patients traités par mirikizumab sont beaucoup plus susceptibles d’obtenir une rémission clinique à la fois à la fin de la première et de la deuxième phase de l’étude, que les participants témoins : soit : LUCENT-1 24,2 % vs 13,3 % et LUCENT-2 49,9 % vs 25,1 % ;
- les participants traités par mirikizumab sont beaucoup plus susceptibles de présenter réponse clinique plus élevée, une rémission endoscopique et une urgence intestinale apaisée ;
- le traitement au mirikizumab se révèle tout à fait sûr : ainsi, les événements indésirables ne sont pas plus fréquents avec le mirikizumab qu'avec le placebo.
Ainsi, cet anticorps bloquant de l'interleukine-23 est un médicament efficace pour les patients atteints de formes modérément sévères et sévères de colite ulcéreuse. Les démarches sont en cours pour une AMM dans cette indication.
Source: New England Journal of Medicine 29 June, 2023 DOI: 10.1056/NEJMoa2207940 Mirikizumab as Induction and Maintenance Therapy for Ulcerative Colitis
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