Cette étude de chercheurs du Hebrew SeniorLife Hinda and Arthur Marcus Institute for Aging (Boston) contribue à préciser le lien entre le microbiome intestinal et la densité osseuse. Les conclusions publiées dans la revue Frontiers in Endocrinology apporte à la preuve des bénéfices apportés par certaines communautés de microbes intestinaux pour la santé du squelette. Si ces découvertes étaient confirmées, la modulation du microbiome intestinal pourrait permettre d’améliorer la santé osseuse, en particulier à l’âge avancé.
C’est le domaine de « l’ostéomicrobiologie »
qui s’enrichit un peu plus avec ces travaux, le terme caractérisant justement la relation entre santé osseuse et microbiome. Les auteurs relèvent d’ailleurs le nombre encore très modeste d’études sur le microbiome intestinal et la santé du squelette.
L’étude observationnelle qui utilise les données de la fameuse cohorte Framingham et des données de l’étude Osteoporotic fractures in Men (MrOS) permet d’identifier ce facteur potentiellement modifiable, qu’est le microbiote intestinal, ici pour la santé du squelette. L’étude utilise une technique d’imagerie haute résolution du bras et de la jambe pour évaluer la densité osseuse. L’analyse révèle que :
- des bactéries appelées Akkermansia, déjà documentées comme associées à l'obésité, et la bactérie Clostridiales DTU089, sont associées, de manière négatives, à la santé osseuse, notamment chez les participants âgés ;
- DTU089 est en effet plus abondante chez les personnes ayant une faible activité physique et un faible apport en protéines ;
- Ces observations confirment les conclusions d’études précédentes ayant montré que l'apport en protéines et l'activité physique ont un lien certain avec la santé osseuse.
« Une plus grande abondance de certaines bactéries est associée à de moins bonnes mesures de la densité et de l’architecture osseuse. En fait, certaines bactéries s’avèrent associées à des différences dans la section transversale osseuse, ce qui suggère l’hypothèse que certains microbes puissent influencer la façon dont la taille des os évolue avec le vieillissement », explique l’un des auteurs principaux, le Dr Kiel.
Les chercheurs notent qu’il est prématuré d’affirmer que les organismes bactériens eux-mêmes puissent avoir des effets sur la santé du squelette. Cependant ces résultats justifient des recherches supplémentaires, pour mieux comprendre les associations entre des espèces bactériennes spécifiques dans l’intestin et l’intégrité du squelette. Les auteurs vont poursuivre, en espérant également identifier des voies fonctionnelles spécifiques influencées par les bactéries et qui pourraient influencer le squelette.
Ainsi, certaines bactéries peuvent favoriser de faibles niveaux d’inflammation susceptibles d’affecter la santé des os. En fin de compte, si de tels résultats étaient confirmés, il serait possible de cibler le microbiome intestinal pour influencer la santé du squelette.
Source: Frontiers in Endocrinology 21 Sept, 2023 DOI: 10.3389/fendo.2023.1237727 A Two-Cohort Study on the Association between the Gut Microbiota and Bone Density, Microarchitecture, and Strength