Certes, le microbiote a déjà été, de multiples fois, mis en cause, dans le développement de la maladie de Crohn, une maladie intestinale inflammatoire débilitante, qui entraîne des douleurs abdominales intenses, la diarrhée, la perte de poids et une grande fatigue. On oublie souvent que les communautés fongiques font aussi partie du microbiome intestinal. Cette équipe de de l'Université Case Western, explique, dans la revue mBio, comment un champignon joue un rôle clé dans le développement de la maladie de Crohn. De nouvelles données qui pourraient conduire à de nouveaux traitements, comme des probiotiques, permettant de guérir cette maladie inflammatoire de l'intestin.
C'est non seulement un champignon qui est identifié comme facteur clé mais aussi une nouvelle bactérie qui vient d'être associée à la maladie de Crohn. « Nous savions déjà que les bactéries, en plus des facteurs génétiques et alimentaires, jouent un rôle majeur dans le développement de la maladie de Crohn », explique le Dr Mahmoud A Ghannoum, professeur au Centre de Mycologie Médicale de la Case Western Reserve. Les patients atteints de la maladie de Crohn vont présenter des réponses immunitaires anormales à ces bactéries, pourtant présentes dans les intestins de tous. Cependant, si de nombreuses études ont déjà décrypté le rôle de ces bactéries, peu d'équipes ont examiné le rôle des champignons, également présents dans les intestins de tous.
Le mycobiome aussi ! Les champignons sont des eucaryotes soit des organismes dont les cellules contiennent un noyau ; ils sont plus proches des humains que les bactéries, qui sont des procaryotes ou formes unicellulaires de vie sans noyau. Collectivement, la communauté fongique qui habite le corps humain est connue comme le mycobiome, alors que la communauté bactérienne est connue comme le bactériome. Ici, les chercheurs évaluent, via l'analyse d‘échantillons fécaux, le mycobiome et le bactériome du microbiome de patients atteints de la maladie de Crohn ainsi que de leurs parents du premier degré exempts de la maladie.
Ils identifient ainsi des interactions fongiques-bactérienne très marquées chez les participants atteints :
· 2 bactéries (Escherichia coli et Serratia marcescens) et 1 champignon (Candida tropicalis) s'avèrent présents à des niveaux plus élevés,
· ce qui suggère que les 2 bactéries et le champignon interagissent dans les intestins.
Ø Les chercheurs confirment que les 3 micro-organismes « travaillent bien ensemble » et combinent leurs efforts pour produire un biofilm qui adhère, entre autres sites, à une partie des intestins, favorisant ainsi l'inflammation qui entraîne les symptômes de la maladie.
Le premier champignon associé à Crohn chez l'Homme : Candida tropicalis avait déjà été trouvé chez des souris modèles de la maladie. L'étude est également la première à associer la bactérie S. marcescens dans le bactériome associé à Crohn. En outre, les chercheurs constatent des niveaux plus faibles de bactéries bénéfiques chez les patients atteints. Ainsi, parmi des centaines d'espèces bactériennes et fongiques qui habitent les intestins, 3 micro-organismes viennent d'être identifiés qui apparaissent comme d'excellents biomarqueurs de la maladie.
Des données remarquables donc, que ce soit pour le diagnostic ou le développement de nouveaux traitements, mais qui ne doivent pas faire oublier, concluent les chercheurs, l'impact des facteurs génétiques et environnementaux.
Bacteriome and Mycobiome Interactions Underscore Microbial Dysbiosis in Familial Crohn's Disease
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