Que les patients arrivent à l'hôpital avec des problèmes hépatiques existants ou qu'ils les développent durant leur hospitalisation liée au COVID-19, une association forte est observée entre des tests hépatiques anormaux et la sévérité de la maladie COVID-19, conclut cette étude d’une équipe de l’Université de Yale. Des données, présentées dans la revue Hepatology, qui suggèrent que des niveaux plus élevés d'enzymes hépatiques libérées lorsque le foie est endommagé pourraient être associés à un plus mauvais pronostic.
Ainsi, la maladie hépatique pourrait également rejoindre l’âge avancé, le surpoids et l’obésité, et la maladie cardiaque au nombre des facteurs aujourd’hui reconnus de risque d’une forme sévère de COVID-19. Au-delà, les tests d’enzymes hépatiques spécifiques pourraient permettre de détecter les patients à risque.
40 à 80 % des patients COVID présentent des tests hépatiques anormaux
Ces experts du Yale Liver Center ont découvert que les patients atteints de COVID-19 présentaient des tests hépatiques anormaux à des taux beaucoup plus élevés que ceux suggérés par de précédentes études. Les niveaux plus élevés d'enzymes hépatiques marqueurs de dysfonctionnement du foie, s’avèrent associés à de moins bons résultats pour ces patients, dont l'admission aux soins intensifs, le recours à la ventilation mécanique et le risque de décès.
Des taux de dysfonctionnement hépatiques plus élevés que ceux précédemment identifiés : De précédentes études menées en Chine avaient révélé qu'environ 15% des patients atteints de COVID-19 ont des tests hépatiques anormaux. Cette nouvelle analyse des données de 1.827 patients COVID-19 hospitalisés entre mars et avril, révèle
- une l'incidence très élevée, comprise entre 41,6% et 83,4% de tests hépatiques anormaux chez ces patients COVID hospitalisés, l’incidence variant en fonction du test spécifique.
5 tests hépatiques, précisément, ont été effectués chez ces patients, portant sur les niveaux d’aspartate aminotransférase (ASAT ou AST) et d’alanine transaminase (ALT), qui peuvent indiquer une inflammation des cellules hépatiques ; une augmentation de la bilirubine, qui indique un dysfonctionnement hépatique; des niveaux accrus de phosphatase alcaline (ALP), qui peuvent indiquer une inflammation des voies biliaires.
Pourquoi cette incidence plus élevée des « anomalies » hépatiques ? L'auteur principal, le Dr Joseph Lim, professeur de médecine et directeur du programme d'hépatite virale de Yale, suggère l’impact de facteurs de mode de vie différents aux Etats-Unis et en Chine : les patients américains pourraient, en particulier, avoir un risque accru d'autres facteurs de risque tels que la stéatose hépatique alcoolique ou non alcoolique. «Aux États-Unis, près d’une personne sur 3 souffre de stéatose hépatique et plusieurs millions de personnes souffrent d’hépatite chronique B ou C ».
La sévérité du COVID est associée au trouble hépatique quelle que soit son antériorité : ainsi, si un quart des patients de l'étude ont subi des tests hépatiques, anormaux, avant d'être admis, que les patients aient été ou non hospitalisés avec des problèmes hépatiques préexistants ou qu'ils les aient développés pendant leur hospitalisation, l’association est observée.
Le foie est-il directement en cause ? Les chercheurs font l’hypothèse que le foie serait plutôt affecté par l'hyperinflammation associée au COVID-19 et par les effets secondaires des traitements. Les chercheurs notent en effet une relation, à étudier plus avant, entre les médicaments du COVID-19 sévère et les lésions hépatiques (et notamment avec le médicament tocilizumab).
Des études cliniques et en laboratoire sont en cours pour mieux comprendre l'impact du COVID-19 sur la pathologie hépatique.
Source: Hepatology (In press) via Eurekalert (AAAS) 7-Aug-2020 Strong link found between abnormal liver tests and poor COVID-19 outcomes
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