Le syndrome de rumination caractérisé par la régurgitation de la nourriture de l’estomac de nouveau dans la bouche est un trouble intestinal courant et grave mais sous-diagnostiqué et souvent mal diagnostiqué. La rumination est une régurgitation régulière mais sans cause connue et souvent confondue avec d'autres troubles gastrointestinaux, ce qui prive de nombreux patients d'un traitement rapide. Cette équipe de neurologues et de gastroentérologues du Massachusetts General Hospital (MGH) a donc souhaité décrire clairement ce syndrome et préciser l'option de traitement, dans la revue Neurogastroenterology and Motility.
Un trouble de l'interaction intestin-cerveau
Le syndrome de rumination est un problème de comportement, les patients régurgitent sans effort et à plusieurs reprises de la nourriture dans leur bouche et la remâchent. Ce comportement est classé comme un trouble de l'interaction intestin-cerveau. De nombreux experts pensent que les régurgitations se développent telle une habitude impliquant une sensation de tension interne qui se traduit par une contraction des parois abdominales après avoir mangé. Ce schéma est renforcé par des associations positives (telles que le soulagement de l'anxiété et du stress après la régurgitation) ainsi que par des associations négatives (telles que l'inconfort d'essayer de supprimer la tension intérieure sans régurgiter). La condition est handicapante au quotidien, ne serait-ce que parce qu’elle rend le partage d’un repas avec les autres difficile, explique l’auteur principal, le Dr Trisha Satya Pasricha du Service de gastroentérologie du MGH.
Un diagnostic complexe : le syndrome de rumination partage plusieurs symptômes avec d'autres troubles de l'interaction intestin-cerveau tels que la dyspepsie fonctionnelle (douleur à l'estomac ou indigestion) ou la gastroparésie (sensation de satiété après avoir très peu mangé). Le syndrome peut également être décrit par le patient comme un reflux gastroœsophagien (RGO). La condition peut ainsi rester non diagnostiquée ou mal diagnostiquée pendant une longue période. Le risque, au-delà d’une perte de poids est l’isolement social.
2 critères spécifiques seulement : l’étude est menée auprès de 242 patients suivis pour des symptômes gastriques indiquant un syndrome de rumination probable dont une dyspepsie et une gastroparésie. L'objectif étant de préciser le tableau clinique. 12,8% des participants répondaient aux critères cliniques du syndrome de rumination, 48% ont signalé des problèmes d’interaction sociale en raison de leur état.
- Au-delà de leur tendance à régurgiter lorsqu'ils mangent,
- les patients atteints de rumination ne sont pas plus susceptibles d'avoir des antécédents de troubles de l'alimentation ou de problèmes de poids ;
- mais sont plus susceptibles de souffrir également de brûlures d'estomac, en particulier au cours de la journée.
Les chercheurs suggèrent que le dépistage des brûlures d'estomac et des régurgitations pourrait permettre de mieux diagnostiquer la maladie.
Le traitement de la rumination est comportemental et implique la pratique d'une respiration diaphragmatique ou profonde. 2 essais pilotes ont montré l’efficacité de ces techniques à contrer le reflux gastro-œsophagien. Une thérapie cognitivo-comportementale complète peut être également recommandée.
Source: Neurogastroenterology and Motility 17 March 2021 DOI : 10.1111/nmo.14103 Detection and characteristics of rumination syndrome in patients presenting for gastric symptom evaluation